Études littéraires, vol. 50, 3 / 2022
sous la direction de Adama Togola, Christiane Ndiaye et Karen Ferreira-Meyers
L’oeuvre de Moussa Konaté s’inscrit, au tournant des années 1980, dans une littérature africaine qui se redéfinit par des innovations linguistiques, épistémologiques, idéologiques, esthétiques et thématiques. Son travail présente une Afrique plurielle dans laquelle prennent place des enjeux culturels, politiques et sociaux : son oeuvre est tout à la fois réflexive, didactique et engagée. En explorant la problématisation du réel social que propose l’auteur, le présent numéro d’Études littéraires vise donc d’abord à rendre hommage à ce romancier dont l’œuvre a souvent été oubliée par la critique francophone.
Les articles de ce dossier abordent avant tout la cohérence qui sous-tend les écrits de Moussa Konaté. Bien que dans son œuvre les genres foisonnent et que les structures narratives diffèrent, ils forment néanmoins un univers cohérent qui articule le politique et le culturel. Que ce soit par l’étude d’une double dimension (dissensuelle et transculturelle) qui file les romans de Konaté, par la reconnaissance des limites de la démarche hypothético-déductive dans certains milieux culturels, ou encore par l’analyse des différents types de personnages féminins, ce dossier met en lumière une esthétique transculturelle où les communautés s’affrontent et qui témoigne des multiples visions du monde.
En ayant recours à différentes formes littéraires pour aborder une même problématique, Moussa Konaté rend poreuses les frontières entre la littérature populaire et la littérature dite lettrée. Ainsi, il entreprend d’abolir les hiérarchies de genres, et cela traduit les nouvelles voies de l’écriture romanesque africaine.