Études littéraires, vol. 43, 3 / 2012
sous la direction de Olivier Bara (Université de Lyon)
La sociocritique, attachée à la construction discursive des représentations sociales, n’a guère privilégié jusqu’à présent le domaine dramatique. Le théâtre, forme sociale par excellence, suscite peut-être trop spontanément une approche relevant de la sociologie de la création ou de la réception, et non de la sociocritique, laquelle étudie le social dans le texte et cerne la socialité des œuvres dans leur productivité symbolique. Parce que le théâtre est disputé par des disciplines universitaires parfois concurrentes, il s’est trouvé rejeté tantôt du côté d’une approche strictement textuelle et littéraire, tantôt du côté de l’analyse du fait spectaculaire, de la théâtralité à la mise en scène et à la performance ; le théâtre a été également abordé à partir de son environnement culturel et institutionnel, ou saisi en tant qu’acte politique dans ses discours idéologiques explicites. Une sociocritique du théâtre, en tant qu’herméneutique attachée au latent, au mouvant, à l’impensé des œuvres, doit envisager une « sociosémiotique » croisant les méthodes et les disciplines, dans une prise en compte du texte et de la représentation. Telle est la proposition de ce volume d’Études littéraires à travers neuf études, entre XVIIIe siècle et scène contemporaine, en passant par le romantisme et le symbolisme.