La foule romanesque au XIXe siècle

Études littéraires, vol. 51, 2 / 2022
sous la direction de Claudia Bouliane et Sébastien Roldan

La foule occupe une place importante dans les romans du XIXe siècle. Elle sert tantôt à mettre en scène un passé de la France précédant de peu ce siècle, tantôt à incarner un projet de collectivité. Dans une situation comme dans l’autre, elle rend compte d’une réalité historique sur laquelle les romans offrent un point de vue unique et quelquefois posent un regard critique, notamment par l’emploi de termes alternatifs à celui de « foule » qui sont chargés de connotations.

Tout en inventoriant les motifs fréquents pour représenter la foule, comme celui de l’eau, ce numéro d’Études littéraires remet en cause la traditionnelle vision que nous en avons : d’instinct associée à la violence, elle prend parfois l’allure d’un groupe menacé ou encore, si la foule est portée par le héros, d’un potentiel vivre-ensemble. Car souvent le héros se mesure à la foule – pluralité unie en une seule âme –, et c’est ce rapport entre eux qui est mis en avant dans les articles de ce numéro. En effet, on confère ici à la foule une agentivité qui la pousse à devenir le lieu d’une réflexion éthique et esthétique, comme en témoignent son rôle dans la « révolte » du pamphlétaire Georges Darien envers l’idéologie bourgeoise et sa capacité à faire voir simultanément sa multiplicité et son unité.

Surtout, on y retrouve une foule aux visages multiples. Dévastatrice ou lueur d’espoir, elle peut marginaliser comme galvaniser, être fascinée autant qu’attristée par le spectacle de la violence. Dans les divers cas, elle fait l’objet d’un investissement idéologique, sémiotique et stylistique, que ce soit chez des écrivains du canon comme Hugo et Zola ou chez des romanciers oubliés tels Dinocourt et de La Baume.

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