Franchir le « quatrième mur » en France au XIXe siècle

Études littéraires, vol. 51, 3 / 2023
sous la direction de Marjolaine Forest

Si le terme « quatrième mur » n’est employé qu’à la fin du XIX siècle, l’idée qu’il incarne est évoquée, pour sa part, dès le milieu du XVIII siècle par Denis Diderot, encourageant les comédiens à jouer comme si le spectateur n’existait pas.

Toutefois, bien que les règles de ce que l’on appellera le « quatrième mur » soient ouvertement posées en France au XIX siècle, les comédiens trouvent des moyens variés pour les contourner. Ce numéro d’Études littéraires se propose de plonger au cœur du spectacle français de cette période pour y observer les modes de transgression du mur et les usages qui les motivent. Enfreindre la barrière qui détache la salle de la scène est parfois une méthode pour garantir sa carrière, tant pour le comédien que pour le dramaturge. Tantôt, le contexte politique et social de l’époque pousse la connivence entre scène et salle, astuce pour contourner la censure. D’autres fois, cette interaction passe par des référents culturels, la parodie ou encore le personnage du « raisonneur ». Sans compter le cas de Charles-François Mazurier qui va jusqu’à rejoindre physiquement les spectateurs dans la salle en faisant des prouesses. Si l’échange entre scène et salle est quelquefois désiré puisqu’il profite aux comédiens et aux dramaturges, il est forcé en d’autres circonstances, notamment lorsque le lieu l’impose, comme dans le cas des spectacles forains et des cafés-concerts.

Les différents spectacles qui sont explorés dans ce numéro remettent en question la séparation théorique à laquelle seraient soumis comédiens et publics. En effet, les deux groupes prennent part à un dialogue tacite, sinon direct et, plutôt que de respecter le mur érigé entre eux, ils le traversent par une communication ingénieuse, habile et rusée.

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