Études littéraires, vol. 47, 1 / 2017
sous la direction de Marie-Christine Pioffet
Historien, voyageur, lexicographe, polémiste, anthropologue avant la lettre, Gabriel Sagard est un véritable polygraphe. Malgré son importante contribution à la littérature de l’Amérique française, le récollet, qui a séjourné en Huronie en 1623-1624, est longtemps resté l’oublié de la critique littéraire − oubli auquel ce numéro d’Études littéraires entend remédier. À la lumière des recherches récentes, ce dossier nous montre aussi à quel point l’œuvre du récollet, faute d’avoir pu bénéficier d’une véritable réédition scientifique, est loin d’avoir révélé tous ses secrets.
Les articles composant ce dossier s’intéressent aussi bien aux contextes historique et littéraire qui ont donné naissance au Grand Voyage du pays des Hurons (1632) et à l’Histoire du Canada (1636) de Gabriel Sagard qu’à la portée de ces ouvrages depuis le XVIIe siècle. Ils analysent l’œuvre sagardienne plus précisément sous l’angle de ses emprunts à Marc Lescarbot, de la place qu’elle occupe dans la tradition polémique des écrits récollets, du portrait qu’elle dresse de l’enfance et de la filiation chez les Autochtones, et de la valeur documentaire des mots hurons et montagnais qu’elle emploie. Les articles examinent ensuite le sort réservé aux écrits de Sagard depuis le Premier établissement de la foy, en passant par les écrits du jésuite Pierre-François-Xavier de Charlevoix et les historiens anglophones et francophones d’après la Conquête, pour terminer avec un riche bilan des (in)fortunes littéraires de Sagard.
Revisitant les écrits de Gabriel Sagard ainsi que les réflexions qu’ils ont engendrées depuis près de quatre siècles, cette nouvelle livraison d’Études littéraires nous fait découvrir non seulement les apports multiples du Grand Voyage du pays des Hurons et de l’Histoire du Canada, mais aussi un missionnaire hors du commun en cette période troublée du début de la modernité.